Page:Gourmont - Sixtine, 1923.djvu/80

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— « Dont le titre est alliciant », interrompit une voix brève.

Entragues tourna la tête. Un jeune homme, l’air correct et froid, le regardait. Fortier les présenta l’un à l’autre : c’était un cousin de la comtesse. Ils avaient dû se rencontrer avenue Marigny ? Entragues acquiesça à cette insinuation, en songeant : Demain, ou après demain, mon pauvre Fortier, la comtesse et la Revue spéculative appartiendront à Lucien Renaudeau.

— « Ce titre ?

— « Alliciant, répéta Renaudeau. Cela se dénomme : Pure comme le Feu.

— « Il me plaît assez, à moi, ce fleuriste des âmes, dit, d’une voix lente et chaude, Jean Chrétien, je repasse, dans ses livres, « la Sagesse des Nations » : c’est plein d’incontestables vérités. On se promène dans un jardin ami : tous les aphorismes de Stendhal et de Balzac viennent vous manger dans la main. Mais, si nous voulons faire une revue sérieusement symboliste, il faudrait peut-être tenter la culture d’animaux moins familiers. »

Sylvestre entra, l’air nuageux, et Renaudeau, tout de suite, l’apostropha d’un ton rêche :

— « Dites-moi donc, quelle est cette contrefaçon de la vieille Sand qui vint hier ici, se recommandant de vous ?

— « Avec un chien sous chaque bras ?

— « Un noir et un blond. Elle nous a offert de la copie, des protections, des emprunts, son expérience, des souvenirs romantiques, les dernières bottes