Page:Gourmont - Une nuit au Luxembourg, 1906.djvu/112

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où cette domination s’accomplissait. Singulière destinée pour les Juifs d’avoir donné aux hommes une religion à laquelle ils ne croient pas eux-mêmes !

Hélas ! sur les instances de mon père vieilli et que ces barbares prolixes commençaient à ennuyer, après avoir essayé d’assagir Jésus, qui avait trop de disciples, je m’intéressai à saint Paul. Je vins vers lui, comme je suis venu vers vous ; il fut ébloui et il crut tenir de cette vision une mission divine. Je le suivis dans ses voyages. Son énergie m’amusait ; mais à Athènes, je me rangeai parmi ses contradicteurs, dont j’excitai le rire. Plus tard, je le laissai mourir sans consolations : son orgueil lui suffisait.

Je croyais cet homme moins fou que les autres thaumaturges qui, comme lui, amusaient les foules, mais l’idée de Dieu lui