Page:Gourmont - Une nuit au Luxembourg, 1906.djvu/127

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Enfants chéries, apportez-nous d’autres fleurs, apportez-nous des fruits, donnez-nous vos sourires.

Les trois jeunes femmes se réveillèrent et vinrent nous présenter leurs fronts. Mon amie se trompa et m’offrit ses lèvres ; j’en profitai, ce qui la fit rougir. Elle s’enfuit, rejoignant ses compagnes.

Il faisait clair et chaud, mais le soleil n’était pas visible. La lumière semblait venir de partout, les objets ne donnaient point d’ombre. Cette singularité, au lieu de m’effrayer, augmentait ma sensation de bonheur. Il me sembla que j’avais enfin conquis un état de béatitude longtemps désiré. L’amour chantait en mon cœur. Je regardais avec attendrissement les plis de la robe blanche de mon amie, qui flottait derrière elle, comme elle courait.