Page:Gourmont - Une nuit au Luxembourg, 1906.djvu/131

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donna, puis elle fit une moisson d’œillets et de roses, et nous revînmes vers mon maître. Il n’avait pas l’air de s’être aperçu de notre absence. Il loua les fleurs, en respira quelques-unes, remerciant de sa grâce mon amie qui rougissait un peu. Les deux autres jeunes femmes revenaient aussi avec des cerises et des pêches précoces, moins douces que leurs joues rosées. Je remarquai dans leurs yeux animés, qui échangeaient de lents regards, je ne sais quels airs de langueur, mais j’eus honte de scruter ces cœurs charmants et je pris modèle sur mon maître, qui baisait les mains des jeunes canéphores et les félicitait d’être l’image du plaisir, de l’abondance et de la générosité.

Au lieu de s’asseoir, elles s’accroupirent aux pieds de leur maître et elles lui présentaient les plus beaux fruits, en cherchant sur