Page:Gourmont - Une nuit au Luxembourg, 1906.djvu/157

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Je mâchais des brins d’herbe, ayant, moi aussi, l’air soucieux, mais je ne pensais presque à rien.

LUI

Ils ont raison. Et pourtant la révolte est inutile. Elle est laide. Le bonheur n’est pas là. Il faudrait trouver l’équilibre. Vous ne savez pas vous reposer. Je n’ai point méprisé le travail, tantôt, j’ai vanté la paresse. Prenez ces deux idées, tressez-les ensemble harmonieusement. Votre vie, même si brève, vaudrait la nôtre, si vous arriviez à unir ces deux alternatives. Ce sont les mêmes qui devraient tour à tour se reposer et travailler. Mais, se rendre digne du loisir ! Il faut peut-être, pour savoir ne rien faire, plus d’intelligence et plus de courage que pour savoir travailler.

L’état présent ne peut pas durer. Mais