Page:Gourmont - Une nuit au Luxembourg, 1906.djvu/168

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

MOI

C’est que je suis trop heureux.

LUI

Pauvres hommes, les sensations divines sont trop fortes pour la fragilité de vos nerfs. Que feriez-vous d’une éternité ? Vous la passeriez à trembler de la perdre. Le bonheur, pour vous, ce n’est pas la possession, c’est le désir. Quand vous n’avez plus rien à désirer, l’ennui vient s’asseoir sur vos genoux et lentement vous écrase. La femme qui vous a enivré vous est plus lourde qu’une montagne, quand l’ivresse se dissipe, et vous gémissez si la tête, encore mouillée de vos baisers, s’appuie avec trop d’amour sur votre bras ou sur votre épaule.

Vous ne trouvez le bonheur qu’en fermant