Page:Gourmont - Une nuit au Luxembourg, 1906.djvu/207

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peu. Il y avait encore des gouttes d’eau sur le marbre et les serviettes étaient humides. Un peigne me fit voir des cheveux de femme, blonds, très longs ; une boîte à poudre était ouverte. Dans cette pièce flottait une odeur que je ne pus identifier, quelque chose comme du jasmin poivré, très poivré.

Dans la cheminée de la chambre, une bûche brûlait encore, mêlée à des morceaux de charbon éteints.

Je revins vers la table où s’appuyait la tête morte de mon triste ami. Il semblait dormir et j’en fus content, car il est nécessaire, pour qu’une histoire tragique soit digne, que le mort semble dormir.

Il n’y avait rien sur cette table qu’une quantité de feuillets de papier couverts d’une grande écriture incertaine, rien que cela et un encrier. Le porte-plume était tombé.