Page:Gourmont - Une nuit au Luxembourg, 1906.djvu/27

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Au premier avis des émeutes pieuses qui transformaient en forteresses nos paisibles églises, paisibles à la manière des vieux châteaux hantés, le journal dont je suis depuis dix ans le correspondant me demanda des détails, avec une certaine impatience. Comme je demeure rue de Médicis, ayant une passion surannée pour le Luxembourg, ses arbres, ses femmes, ses oiseaux, je descendis vers la place Saint-Sulpice. Il faisait doux, quoique le jour commençât à baisser. La place était occupée par des enfants qui jouaient en revenant de l’école ; tout autour, de grands omnibus vides roulaient ; un tramway veuf d’un cheval partait quelquefois, avec difficulté, cependant qu’un autre arrivait avec peine, puis tournait sur lui-même, sans grâce. Mon séjour prolongé à Paris m’a rendu badaud,