Page:Gourmont - Une nuit au Luxembourg, 1906.djvu/75

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et vous ne donnez pas ; vous appauvrissez les champs que votre désir cultive, et les femmes que vous avez aimées meurent de soif en regardant la sécheresse de vos yeux.

Toutes les trois, elles écoutaient, fort attentives. Élise, cependant, voulut bien me prendre et me serrer les doigts, cependant que ses deux amies se levaient et allaient baiser la main du Maître. Mais il ouvrit les bras, et elles y tombèrent comme tombent deux fleurs arrachées par le vent. Élise et moi nous regardions avec plaisir des mouvements si charmants, et je me disais naïvement, au spectacle de ces amours sans jalousie : Il accueille en lui ces deux femmes comme il eût accueilli toutes les femmes, et je comprends qu’il puisse appartenir en même temps à toutes à la fois et à chacune en particulier. La main