Page:Gourmont - Une nuit au Luxembourg, 1906.djvu/87

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cachait pas sa femme, qui fut longtemps jolie et pour laquelle j’éprouvais une tendre amitié. Elle n’était jalouse que de la tendresse de son mari et jamais elle ne l’empêcha de se réjouir aux caresses d’une belle étrangère. Elle-même n’était insensible ni à la beauté ionienne ni à la beauté asiatique : et ce couple charmant et pur partagea souvent des plaisirs qu’il ne se donnaient pas l’un à l’autre. J’acceptais ces usages voluptueux : la nuit indulgente entendit plus d’une fois nos soupirs se mêler à ceux de la mer, qui venait briser à nos pieds ses flots parfumés.

Ces choses arrivaient à l’heure où les jeunes esclaves venaient, avant d’aller dormir, laver au rivage leurs souillures de la journée. Elles jouaient, elles riaient, et nous aimions à les rejoindre dans l’eau tiède encore des feux de l’après-midi. Las d’une longue causerie