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BALZAC CHEZ LUI.

cendre rapidement le lecteur pour qu’il suivît Balzac jusqu’aux dernières limites de ses rapports avec la Société des gens de lettres.

L’insuccès de Vautrin n’avait pas découragé Balzac ; deux ans après l’orage de la mémorable représentation de cette comédie, il frappait à la porte de l’Odéon, dirigé alors par M. Auguste Lireux. Il ne faudrait pas connaître cet esprit si hardi d’une part, si excellemment littéraire de l’autre, pour douter de son empressement, nous avons presque dit de son emportement, à se mettre à la disposition de Balzac tentant une seconde fois, et avec le même cœur, la fortune du théâtre. L’esprit d’aventure allait à ces deux oseurs de première trempe. Celui-ci cherchait toujours une Amérique avec les mines d’or ; celui-là venait lui dire : Je vous l’apporte dans les plis de mon manuscrit. Quel accueil ! quelle fête ! Entrez, lui dit le directeur, je vous attendais ; entrez, lui dit le théâtre, vous étiez attendu ; entrez, lui dirent les acteurs rangés sous le péristyle, nous vous attendions ! entrez, lui dit le caissier, je ne vous attendais plus ! Il est rare de voir une administration théâtrale faire un pareil accueil à un écrivain dramatique, surtout après une chute ; mais la chute de Vautrin avait fait tant de bruit, est-il vrai de dire, qu’elle ressemblait à un