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BALZAC CHEZ LUI.

pour l’applaudir. Vengez-vous en vous créant le droit magnifique de pouvoir vous dire demain à minuit, quand la salle menacera de s’abîmer sous le poids des bravos : « C’est à moi, à moi seul, que M. de Balzac, l’auteur de tant de chefs-d’œuvre, doit cet immense succès, le premier qu’il remporte au théâtre. » Dupont, continua Lireux, ce Pindare de l’ironie, Dupont, on vous appelle, vous et les vôtres, les Romains, les Chevaliers du lustre. Justifiez au sérieux ces qualifications inéquitablement dérisoires. Soyez demain soir Chevaliers par le dévouement et Romains par la victoire. »

Lireux s’arrêta : la chaleur de l’émotion voilait le cristal de ses lunettes et la pureté de son organe.

Dupont était entraîné. Il s’écria :

« Combien M. de Balzac veut-il avoir d’hommes demain soir à sa première ?

— Cent.

— Cent ! dites-vous, M. Lireux, cent !

— Cent ! répéta le directeur avec fermeté.

— Mais c’est là une armée ! Cent claqueurs ! M. de Balzac demande cent claqueurs, lui qui n’en voulait pas du tout, pas un seul ! le mois passé, la semaine passée, hier même. Cent !

— Laissons tous les passés, mon brave Dupont.