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BALZAC CHEZ LUI.

Balzac en élevant la voix au ton de la passion, est mon sentiment, et ceux qui ne le partagent pas… » Un convive s’aperçut à temps de la voie inflammable où allait s’aventurer la conversation, et il chercha aussitôt à la détourner, au lieu d’essayer, avec maladresse de la fermer trop brusquement, « Pourtant, dit-il, si tout ceci, comme le pense M. de Balzac, n’était qu’un jeu de la royauté des Tuileries dans le but d’avilir le caractère de la duchesse de Berri, est-ce qu’un militaire, le général Bugeaud aurait consenti à y participer, à se faire le geôlier de la princesse ? — Ah ! vous nous la donnez bonne ! s’écria impétueusement Balzac, à qui cet interrupteur bien avisé faisait la partie belle exprès pour qu’il se rangeât du côté où tout le monde allait se rencontrer d’opinion avec lui. Voilà une raison emplumée et triomphante que vous nous apportez là, la discrétion, la réserve, la pudeur du général Bugeaud ! Général de qui ? général de quoi ? général reçu à la Maternité de Paris ! »

Il est essentiel de dire ici que jamais homme, excepté pourtant sir Hudson Lowe, n’avait été aussi honni, aussi raillé, injurié, exécré, maudit, que le général Bugeaud l’était, à cette époque, pour avoir accepté de commander la forteresse de Blaye, devenue la prison de la duchesse de Berri. D’un autre côté, il