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Page:Gozlan - Balzac chez lui, 1863.djvu/173

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BALZAC CHEZ LUI.

faut se hâter d’ajouter, sans entrer dans la question de savoir si un militaire a le droit ou non de refuser une pareille mission, que le général n’était pas encore le digne pacificateur de l’Algérie, le glorieux vainqueur de l’Isly, le maréchal Bugeaud enfin. — « Votre général Bugeaud, reprit Balzac en serrant les dents et en les desserrant aussitôt, comme pour vouloir parler, mais retenu de nouveau par une intention contraire ; votre général Bugeaud… ! « Le docteur Gentil entra sur cette phrase, suspendue par sa présence, et dit, en tenant un exemplaire du journal du soir : « Messieurs, je vous annonce le départ de la duchesse de Berri pour la Sicile ; elle a quitté la France ce matin. — Êtes-vous bien sûr de ce que vous dites-là ? s’informa Balzac avec une vivacité d’intérêt toute particulière. — Voici le journal où se trouve la dépêche télégraphique qui l’annonce, » répondit le docteur Gentil en passant le journal du soir à Balzac. Après avoir rapidement parcouru la dépêche, Balzac se leva, si toutefois c’est l’expression qui rend la chose, car dans la discussion, on ne savait pas au juste ordinairement s’il était debout ou assis, tant il s’agitait, tant il éprouvait du roulis, et il dit, après être allé sur la pointe des pieds fermer les croisées qui donnaient sur le quai des Augustins — on les avait laissées ouvertes