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BALZAC CHEZ LUI.

moins à cause de la chaleur du temps (on n’était guère qu’au commencement de juin) qu’à cause de la chaleur du dîner, — il dit : « Messieurs, je vais vous annoncer une bonne nouvelle, un événement qu’il n’est plus permis à personne d’empêcher maintenant. — Qu’est-ce que c’est ? qu’est-ce que c’est ? se demanda-t-on au milieu de tous ces nuages de mystères que Balzac aimait toujours à amasser autour de quelques pitons de la conversation, car personne ne fut jamais plus friand que lui de mise en scène. — Le général Bugeaud, reprit-il, ne reviendra plus du voyage d’agrément qu’il va entreprendre aux frais de la princesse. » Et, continuant d’une façon moins burlesque : « Vous comprenez que cet homme a trop fait souffrir l’objet le plus élevé, le plus digne, le plus cher et le plus sacré de nos affections royalistes, pour que l’on n’ait pas eu la pensée, la bonne pensée d’en débarrasser le monde, qui ne le pleurera pas beaucoup. Quelques jeunes gens dévoués, et décidés à tout entreprendre, sont partis sans bruit pour Palerme, où ils savaient depuis quinze jours que la princesse devait être envoyée, toujours sous la surveillance déjà qualifiée du général Bugeaud. Ils ont pris les devants par la voie de Marseille. À cette heure, ils sont à Palerme, et ils se tiennent prêts, sur les quais du port à accueillir,