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Page:Gozlan - Balzac chez lui, 1863.djvu/177

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BALZAC CHEZ LUI.

parlait avec ravissement ; il citait les Romains, mais nous venions de les surpasser de cent coudées : les égouts de Tarquin étaient de pierres meulières à côté des égouts de Paris. Hauts, spacieux, bâtis en moellons, voûtés, pavés, bordés de trottoirs, il ne manquait que des arbres à ces monumentaux égouts pour être de véritables promenades souterraines, et des promenades plus belles que les promenades à ciel ouvert. Quand il eut fini son hymne, Brissot-Thivars demanda à Balzac, facile à se laisser foudroyer pour peu qu’on parlât avec conviction, s’il ne serait pas curieux de les voir et de les parcourir avec lui. Il en avait dit cent fois plus qu’il ne fallait pour mettre la puce à l’oreille à Balzac, qui, non-seulement accepta, mais voulut même prendre instantanément jour et heure pour passer la grande revue des égouts. Pour l’édification du lecteur, je dois dire ici que tout récemment construits, les égouts nouveaux n’étaient pas encore livrés à la circulation des eaux, et que, par conséquent, on peut se les figurer comme des chemins creusés et tracés sous le sol de Paris ; mais des chemins où l’on ne marche, en tout temps, qu’à la lueur des torches.

On ne saurait dire tout ce que Balzac, dans son imagination romanesque, rêva d’évasions par les