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Page:Gozlan - Balzac chez lui, 1863.djvu/19

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BALZAC CHEZ LUI.

— Qui, vous ?

La tristesse d’Olympio, ce magnifique cri poussé par Hugo, qui osa revoir, lui aussi ; cette tristesse s’enfonça tout entière dans mon cœur et ne me quitta plus dès que j’eus posé le pied sur le seuil de la porte des Jardies. La porte était bien la même, mais vieille, vieille, fracassée, crevassée, peinte, repeinte, plusieurs fois repeinte. Les pilastres qui l’encadraient me montrèrent encore, sans doute, dans l’épaisseur de leurs pierres de taille, ces mots tracés en lettres noires : les Jardies. Mais le noir avait glissé à demi hors des lettres : inscription d’un tombeau oublié ; dans peu d’années, ce sillon noir aura entièrement coulé, me disais-je : les pluies d’hiver, de l’hiver prochain rendront ces lettres tout à fait blanches, et on ne lira plus rien dans la pierre, plus rien ! et ces lettres qui formaient ce mot dont Balzac était si fier : les Jardies ! auront disparu.

Je sonnai à cette porte, mais pas tout de suite, je mis quelques instants d’indécision réfléchie à lever le bras, à saisir l’anneau de fer ; j’allais entendre retentir un son dont je me souvenais tant ! Je sonne, cependant… Ah ! c’est le bruit d’autrefois ; je le reconnais ; mais il est enroué, éteint, paresseux ; nous étions plus vive jadis, ma gentille sonnette, quand