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BALZAC CHEZ LUI.

saisissant au passage la réflexion de Balzac, lui répondit :

« Voilà ce qui s’appelle deviner juste ! Oui, cette pauvre bête a fait les guerres de l’Empire, comme vous dites. Elle a appartenu… elle a appartenu… à qui donc déjà a-t-elle appartenu ? » demanda cette peau de mouton à l’autre peau.

L’autre peau n’avait pas trop l’air de le savoir… Celle qui avait interrogé reprit :

« J’y suis ! elle a appartenu, nous a dit le cocher qui nous l’a vendue, à un maréchal ou à un général… je ne vous dirai pas trop lequel…

— Voilà ! dit Balzac, dont l’œil s’arrondit en escarboucle et lança une flamme. Que disais-je ? Et à quel général a appartenu ce cheval ? Vous l’a-t-on dit ?

— On nous l’a dit. »

L’homme avait eu le temps de chercher.

« Au maréchal…

— C’est donc un maréchal ?…

— Au maréchal Brune.

— À un ami de l’Empereur ! à l’un de ses compagnons les plus fidèles ! au soldat de Stralsund ! Et tout cela acheté quelques liards pour être vendu pour quelques mauvais sous après avoir été assommé, éventré, déchiré. Fi ! de la gloire et de la reconnais-