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Page:Gozlan - Balzac chez lui, 1863.djvu/192

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BALZAC CHEZ LUI.

avec Naples. Les plus belles cordes d’instrument y sont faites avec les intestins du cheval. »

Balzac leva le front aux étoiles :

« Et nous dansons au frémissement de ces intestins !

— Mais oui, monsieur ! »

Et, copiant la phrase de Balzac, l’homme redit : « On dansera au frémissement de ces intestins, » et il envoya un coup de pied au ventre du malheureux cheval, qui essaya de se plaindre et n’en eut pas la force.

« Ah ! c’est affreux ! s’écria Balzac : laissez mourir en paix et sans insulte cette pauvre créature. C’est bien triste ! bien triste ! ajouta-t-il, quand on songe que l’animal infirme, mourant, avili, qui est là, a été peut-être dans sa jeunesse un beau cheval de guerre, hennissant au bruit de la poudre, aux fanfares du clairon, qu’il est entré victorieux dans les murs d’une capitale conquise, piaffant, ondulant, portant en croupe le héros de quelque grande bataille gagnée. »

Jusqu’ici c’était l’homme qui portait la peau de mouton dont la laine était en dedans qui avait causé familièrement avec Balzac des propriétés du cheval destiné à l’abattoir : ce fut l’homme qui portait la peau de mouton dont la laine était en dehors, qui,