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BALZAC CHEZ LUI.

Nous félicitâmes Balzac sur sa divination ; mais je dois ajouter — non pour vouloir diminuer en rien un rare talent d’observation chez lui — qu’il était à peu près sûr de ne jamais se tromper en supposant, les yeux fermés, dans toutes les occasions possibles, qu’un bureau de tabac est le suprême désir de presque toutes les femmes, à commencer par la veuve du colonel, jusqu’à la portière de la dernière maison du faubourg Saint-Marceau. Balzac lui-même abusa quelquefois du bureau de tabac dans sa vie. Je sais de lui une promesse qui reposait sur l’obtention d’un bureau de tabac, dont il eut bien du mal à se dégager.

« Messieurs, nous dit M. Brissot-Thivars, les rats nous attendent.

— Ne faisons pas attendre plus longtemps ces messieurs, ajouta Balzac : ils ont droit à tous nos respects. — Allons aux rats ! »

Nous nous levâmes tous, et nous partîmes pour aller voir les rats manger le cheval réservé à leur voracité, et gardé à notre intention comme le bouquet de la fête que nous donnait Montfaucon.

À travers des terrains spongieux, rendus plus mous encore par de grosses pluies tombées depuis plusieurs jours, nous nous acheminâmes vers le point