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BALZAC CHEZ LUI.

de l’établissement où nous attendait ce beau spectacle.

Ici se place naturellement la description de la mise en scène de notre cortège nocturne, mise en scène moins riche en décors ; moins somptueuse en costumes, moins féerique, sans doute, que celle de l’opéra de la Juive ou des Huguenots, mais d’un caractère cependant qui répondait avec harmonie à la physionomie excentrique du drame préparé pour nous, et qui allait s’agiter sous nos yeux à cette dernière heure de la nuit.

Douze hommes de l’endroit, chacun d’eux portant dans la main droite une torche de résine allumée et une longue échelle sur l’épaule gauche, nous devançaient avec une certaine circonspection mystérieuse ; quatre autres n’ayant que des échelles, nous suivaient dans le même silence de conjurés. C’est la nuit, il est probable, qui prête cette teinte catilinaire aux démarches qu’elle voile. Quoi qu’il en soit, nous ne devions pas être fort gais à voir passer dans l’ombre, avec nos torches incendiaires. Je pensais, à part moi, à Samblançay, conduit pareillement entre des flambeaux, pour être pendu à ce même Montfaucon sous le règne du bon François Ier et par le bon plaisir de son excellente mère madame d’Angoulême. Nous étions à