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BALZAC CHEZ LUI.

l’endroit même aussi où s’élevaient les fourches patibulaires auxquelles il fut accroché par le lieutenant Maillard. Il ne manquait que les corbeaux ; nous n’allions pas tarder à les entendre.

Sur nos flancs marchaient des chiens couleur de la nuit ; ils avaient, on va le voir, bien d’autres raisons pour nous accompagner que leur invincible habitude de ne jamais se séparer de leurs maîtres. C’est de la famille nombreuse de ces chiens, de leurs tribus féroces que l’on tirait alors — j’ai dit la date de l’époque où je me suis placé — les chiens gladiateurs qui luttaient deux fois par semaine avec d’autres chiens non moins féroces qu’eux, aux spectacles, renouvelés des Romains, de la sanglante barrière du Combat ; si terribles, si meurtriers les uns et les autres, que la police, en supprimant ces combats, supprima du même coup les chiens, malgré les réclamations pleines de tendresse des bouchers de la banlieue de Paris. Et ce fut double justice. Il n’en existe plus aujourd’hui que quelques rares échantillons à peu près sans emploi, car ils ne tuent plus personne, et ils ne se tuent plus entre eux. Chiens burgraves.

Ceux qui faisaient partie de notre expédition étaient des dogues et des boule-dogues issus par croisement, et un croisement surveillé de près, des