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BALZAC CHEZ LUI.

mions tous n’y est plus, mais parce que d’autres y sont.

La désagréable trompette du chemin de fer ne m’avait jamais paru si agréable à entendre. Vite ! vite ! vite Paris ! où il y a dix-sept mille fiacres, deux mille omnibus, vingt-sept théâtres et douze cent mille égoïstes qui vous empêchent de penser à autre chose qu’à vous garer des roues, qu’à choisir entre tous ces spectacles celui qui vous enlèvera le plus vigoureusement à vos préoccupations, qu’à vivre au jour le jour, sans souci de ceux qui ne sont plus. Est-ce qu’ils ont jamais été ?

Nous allons pourtant, s’il plaît au lecteur, rentrer encore aux Jardies, mais cette fois par la porte du passé ; nous allons les revoir, mais habitées ou presque habitées par Balzac, déjà un peu infidèle à sa résidence de prédilection.

Paris qu’il fuyait, Paris l’attirait sans cesse : comment en eût-il été autrement ?

C’est à Paris qu’étaient ses amis, sa famille, ses admirateurs, ses libraires, son public, sa gloire, sa renommée, et ajoutons ses ennemis : ennemis vrais, ennemis fictifs, mais qu’il confondait si bien, qu’il s’en créait des légions, des armées. Et ces innombrables ennemis, un jour, il les provoquait en champ