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BALZAC CHEZ LUI.

de la grande simplicité de cette histoire (je m’en aperçus malgré sa sobriété ordinaire à l’endroit de l’éloge), et qui pensait aussi combien elle se passait de la grâce, souvent si parasite, si fastidieuse, des détails ; cette fin, dit-il, ne me contente pas autant que le reste ; il lui manque… il faudrait… j’aurais désiré que… enfin, si le comte ne savait rien de la mort foudroyante de M. de Karls… arrivée chez lui, dans ses appartements, sur son divan, aux pieds de sa femme, et il ne lui était guère possible d’en savoir le premier mot, à moins que le préfet de police, vous ou Honorine, la femme de chambre, en eussiez indiscrètement parlé, je ne vois pas pourquoi… »

Vidocq, s’agitant et protestant d’abord de tous ses gestes, s’écria ensuite :

« Personne n’en a jamais parlé ! personne ! et, si je vous en parle aujourd’hui, j’en ai le droit ; si je vous en parle, c’est que les deux personnages les plus intéressés, les seuls intéressés à ce que le secret fût gardé, ne sont plus de ce monde depuis longtemps.

— Eh bien, alors, reprit Balzac, je dis que ce duel, ce suicide de la main d’un autre, ainsi que vous l’appelez, n’est pas assez justifié. Si je reprenais en sous-œuvre ce drame domestique pour le raconter à ma manière, je chercherais, j’inventerais, j’imaginerais