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Page:Gozlan - De neuf heures à minuit, 1852.djvu/172

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— Mais c’est le meilleur morceau du secret… Y renoncer !

Leveneur approchait déjà la lettre du sommet de la flamme.

— Mais nous n’avons pas lu, — dit madame Leveneur, qui voulait toujours gagner du temps dans l’espoir de faire changer d’idée à son mari, — nous n’avons pas lu ce qui est en caractères visibles.

— C’est inutile ! puisque nous savons que c’est une comédie arrangée d’avance entre les deux amants ! Assurez-vous-en…

Madame Leveneur lut alors :


« Mademoiselle,

« Puisque vos honorables parents, ainsi que vous me le dites, s’opposent à notre union, nous n’avons qu’à leur obéir en silence. »


— Vous voyez ? interrompit Leveneur ; tout le reste est ainsi ; c’est perdre du temps. Passons donc à la page blanche.

— Auparavant vous feriez peut-être bien, mon ami, de vous débarrasser de cette dernière lettre, si vous tenez toutefois à la décacheter…

— Mais oui, en effet, nous aurons plus de temps à nous…

C’était encore un délai obtenu par madame Leveneur, qui à tout prix aurait voulu ne pas désespérer le cœur d’une pauvre jeune fille, la rendre folle presque à coup sûr en lui envoyant une lettre où elle trouverait écrite une page qu’à moins de l’intervention du démon elle aurait dû recevoir entièrement blanche.

Ce répit fut encore accordé à madame Leveneur : son