compagnement de la voix de Sara éveillant tous les échos du vieux manoir, elle continua du même calme :
Puis, monsieur le commandant, vous êtes bien le maître chez vous.
— Le maître ! le maître… Je n’use pas déjà tant de ce pouvoir.
— Personne ne vous en empêche. À propos, comment avez-vous donc fait pour vous procurer du linge, de l’argenterie, du bois, du vin ? j’avais emporté les clefs.
— J’ai bien été obligé, répondit le commandant, qui se disait intérieurement : « Allons, elle n’aura pas entendu chanter Sara » ; j’ai bien été obligé…
— D’envoyer chercher ailleurs ce qui vous manquait ici, n’est-ce pas ?
— Pas précisément, Suzon.
— Oh ! non, dit Mistral, qui depuis quelques minutes se réjouissait, se délectait, s’épanouissait, debout près de la porte, du martyre de son maître ; oh ! non, car monsieur le commandant…
— Que fais-tu là ?
— J’attendais, monsieur le commandant, pour savoir s’il fallait aller bassiner le lit de ces dames et de ces demoiselles.
— Brigand ! murmura le commandant. Tout le monde est couché, dort… c’est inutile.
On entendit une seconde fois Sara, qui criait de toute la force, de ses poumons : « Ohé Morieux ! ohé commandant ! ohé Prosper ! ohé les autres !
Dormez-vous, bel Alcindor ?
— Vous voyez, monsieur, dit Mistral, qu’on ne dort pas, Suzon feignait toujours de ne rien entendre.