Page:Gozlan - La Dame verte, 1872.djvu/23

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forcé de tenir contre les joueurs toutes les mises, jusqu’à concurrence des sommes déjà gagnées par lui. Or, quand je m’approchai du tapis vert, le banquier du lansquenet avait déjà récolté dix ou douze mille francs, réalisés en pièces d’or amoncelées sous ses yeux. Je pouvais donc risquer tout ce qui me convenait ; je risquai cent francs ; la carte du banquier était un sept. Il fait le jeu et retourne pour lui un sept ; j’avais perdu. La seconde fois sa carte était un valet ; au cinquième jeté, le valet de carreau s’abattit sur son jeu ; j’avais donc encore perdu cent francs : total deux cents francs d’engloutis. Je réfléchis et n’aventurai plus qu’en tremblant cent autres francs, qui allèrent en un clin d’œil rejoindre les deux cents disparus. Découragé par ce troisième échec, je laissai passer le coup suivant sans jouer ; précisément ce coup-là démonta le banquier, qui fit, comme d’usage, place à un autre ; j’aurais gagné si je n’avais pas passé. Ces fluctuations me tourmentaient déjà au delà de ce que je puis dire. Que voulez-vous, quand on n’est pas joueur !… Pourtant il fallait que je prisse un parti immédiat : ou celui de retourner vers la jeune femme, qui m’avait imposé la pénible tâche de jouer pour elle et de lui restituer deux cents francs, reste tronqué de ses espérances, ou d’affronter de nouveau la fortune. Ce fut le parti auquel je m’arrêtai. Mais brûlant de sortir d’une