Page:Gozlan - La Dame verte, 1872.djvu/41

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Une voiture de maître stationnait à quelques pas de là.

Un fait essentiel, bien précieux pour moi, résulta tout de suite de mon changement de position, de mon rapprochement de la scène que j’avais tant d’intérêt à connaître : c’est qu’une seule de ces deux femmes alimentait la conversation, qu’elle seule parlait, qu’elle seule riait, tandis que l’autre, celle au voile vert, semblait rester là par contrainte, par un effort suprême sur elle-même.

C’est à cette dernière que celle qui n’avait pas de voile disait d’un accent de plus en plus accusé, touchant presque à l’injonction :

— Encore une fois, laissez-moi vous dire que la personne qui nous attend chez elle doit singulièrement perdre patience. Nous lui avions promis de nous trouver chez elle à minuit, et il est bientôt quatre heures. Une dernière fois vous décidez-vous à vous y rendre ?

— Encore une minute ! répondit, affolée d’irrésolution, pourtant les deux pieds toujours dans la fuite, celle à qui venait d’être reprochée sur un ton d’autorité cette longue irrésolution.

— Encore une minute, dites-vous, mais c’est bien la vingtième fois que vous prenez cette minute, et vingt fois, et jamais, vous n’avez vu revenir celui que vous avez l’espoir fantastique de voir reparaître dans cette