Page:Gozlan - La Dame verte, 1872.djvu/43

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— Vous prenez donc sur vous la responsabilité des événements prêts à le frapper ?

— Je ne serai plus là.

— Où serez-vous ?

Joignant l’action résolue à la réponse résolue, ou plutôt remplaçant la réponse par l’action, la jeune femme au voile vert, dont je découvrais de plus en plus la soumission à quelque événement formidable dont l’autre femme avait aussi la clef, partit, s’échappa, visiblement déterminée à réaliser sur-le-champ le sombre projet dont j’avais reçu la confidence, décidée à l’accomplir, ne comptant plus sur moi, n’espérant plus en mon retour.

L’autre femme la retint énergiquement par le bras, se plaçant en même temps devant elle pour lui barrer le chemin.

Dans ce mouvement brutalement significatif qu’elle exécuta avec une prestesse inouïe et une précision si grande qu’on eût dit qu’elle avait prévu qu’elle serait forcée d’y recourir, elle exposa son visage aux rayons de la lanterne de la voiture arrêtée de l’autre côté de la rue.

La lumière l’éclaira en plein. C’était un beau visage assurément : brun, énergiquement caractérisé, d’un type andalous par sa pâleur ardente et de fougueux cheveux noirs. Quoique les détails et les nuances, qui