Page:Gozlan - La Dame verte, 1872.djvu/46

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tune, j’irai lui dire négligemment : « Il n’y a rien de fait, tout est rompu. Vous avez perdu cent mille francs pour en avoir dix mille, arrangez-vous, c’est votre affaire ; cette dame a mieux aimé se tuer. » Oh ! non, et vous allez me suivre, s’il vous plaît.

Ceci dit, elle prit énergiquement sous son bras la jeune femme épouvantée, qui, arrivée à son dernier effort de résistance, allait, par défaillance de cœur, par épuisement de volonté, se laisser entraîner, traîner serait mieux dire, là où tout en elle se révoltait d’aller. La minute était suprême pour elle. Une catastrophe, suspendue à un cheveu, la menaçait ; quelle était cette catastrophe ?…

Je me montrai.

— Voilà, madame, dix mille francs, lui dis-je, en lui présentant vingt billets de banque de cinq cents francs réunis en paquet.

Un étonnement, moitié doute moitié sourire, fut sa réponse ; et ce sourire, qui ne posait sur rien, ressemblait au sourire blanc et vide de l’idiotisme : une ombre, rien de la réalité.

— Prenez donc vos dix mille francs, lui dis-je de nouveau.

— Vous me dites, monsieur ?… Le sourire continuait, mais plus précis cependant.

— Prenez, lui dis-je une troisième fois, les dix mille