Page:Gozlan - La Dame verte, 1872.djvu/50

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l’avaient partagée, descendirent la pente rapide de la rue Blanche dans la direction de la rue Saint-Lazare. Némésis avait disparu dans son char.

Et je restai seul dans la rue déserte, dans l’obscurité, dans le vide, dans le silence, me demandant à mon tour, au milieu de ce subit isolement, si tout ce qui venait de se passer n’était pas un rêve.

— Ce qui n’était pas un rêve, dis-je à mon ami Albert de Varèse, arrêté, pensif, à cette station de son aventure nocturne dans la rue Pigalle, c’est que vous aimiez déjà cette jeune femme.

— Déjà ! dites-vous ; je l’aimais depuis des années et des années, depuis toujours. On a toujours aimé celle qu’on doit réellement aimer : on ne la trouve pas, on la retrouve. Oh ! oui, je l’aimais. Mais, se reprit Albert de Varèse, comme le reste de mon histoire à laquelle vous semblez vous intéresser, n’exige pas absolument que nous demeurions ici exposés à l’humidité de la nuit, je vous dirai, pendant que nous boirons quelques chaudes tasses de thé — vrai caravane, venu de Kiahta — ce que j’ai encore à vous dire.