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Page:Gozlan - Le Dragon rouge, 1859.djvu/117

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le dragon rouge.

tant où vous avez eu un motif pour le faire, et je vous remercie, en outre, de m’avoir si obligeamment écoutée en occupant plus particulièrement mon attention du résultat si grand du siège de Belgrade. Vous avez fait ainsi que je le désirais. Continuez, dans vos prochaines lettres, si vous m’en destinez encore, à m’entretenir de ces choses sérieuses, les seules sur lesquelles je veux que vous mettiez en frais votre complaisance pour moi… »

— Mon Dieu ! mon Dieu ! dit Casimire dans un triste découragement, me voilà enfin arrivée à la fausseté. Cette troisième lettre alla en morceaux se joindre aux morceaux des autres lettres sur les cendres de la cheminée.

Elle se promena ensuite dans une extrême agitation d’un bout à l’autre du salon, cherchant les moyens de faire savoir au commandeur l’état de son âme, sans s’abaisser, sans monter au ton indigne de la colère, sans descendre à l’ironie, sans se souiller par la fausseté.

Après quelques minutes de course irritante, elle plia en quatre une autre feuille de papier à lettres, qu’elle essaya de glisser dans une enveloppe ; elle l’en retira aussitôt, la déplia, et n’écrivit que ce seul mot dans le carré blanc formé par les plis : Revenez !

Cette fois la lettre fut pliée, cachetée et remise avec une précipitation nerveuse à un domestique pour qu’il allât sur-le-champ la jeter dans la boîte du gouverneur, chargé de faire parvenir à l’armée, avec ses dépêches, les lettres des habitants.

— Et maintenant nous verrons, dit-elle, en tombant de lassitude dans un fauteuil, nous verrons si c’est la gloire qu’il aime mieux que moi, ou si c’est moi qu’il préfère à la gloire…