Aller au contenu

Page:Gozlan - Le Dragon rouge, 1859.djvu/140

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
137
le dragon rouge.

— Tant mieux, s’écria le marquis. Et cette ceinture d’émeraudes ?

— Éblouissante, monsieur le marquis.

— Et cette couronne de marquise ?

— La couronne de France seule est plus riche, mais elle n’est pas plus belle.

— Je suis orgueilleux, repris le marquis, d’avoir fait un choix si conforme à vos goûts.

— Vous êtes trop bon, monsieur le marquis ; mais par quel caprice vous êtes-vous mis si fort en dépenses de diamants et de joailleries ?

— Un caprice, un caprice ! répéta le marquis de Courtenay. Eh quoi ! vous ne devinez pas à qui sont destinées ces trop faibles marques d’une galanterie qui n’est qu’un devoir ? Mais c’est à vous, mon idole, ma toute parfaite, que ces diamants appartiennent.

— À moi !

— Cet étonnement…

— À moi, dites-vous !

— Et à qui donc voulez-vous que je les destine ? C’est un cadeau de noces, c’est le mien.

— Vous vous mariez donc, monsieur le marquis ?

— Au nom du ciel ! ne me désespérez pas avec toutes ces surprises ; c’est assez feindre, c’est trop feindre une ignorance qui me blesse, qui me…

— Mais parlez ! parlez ! s’écria Casimire.

— Que faut-il que je dise ? que me reste-t-il à vous apprendre ? dit profondément désolé le marquis. N’est-il pu arrêté que nous nous marierons dès le retour de M. le comte de Canilly, votre père ; que nous tiendrons tout prêt pour un consentement qui ne peut nous manquer ?

— Nous marier ! nous deux ! s’écria Casimire avec une désolante naïveté ; nous deux !

— Ah ! mon Dieu ! auriez-vous oublié vos promesses ?