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le dragon rouge.

Une larme d’indignation tomba brûlante sur la main de la nourrice.

— Voilà, reprit-elle, comme j’ai su la nouvelle que je t’apprends. Je savais bien, moi, que tu n’aimais personne, à commencer par le marquis ; mais voilà pourquoi il faut partir tout de suite ; c’est mon avis. Puisque tu sais où est ton père, tu lui écriras de faire un crochet et de venir nous rejoindre à Paris.

— Partir ?

— Qui donc nous empêcherait, mignonne ?

— C’est impossible !

— Comme tu dis cela ! Mais enfin, qui nous retiendrait ici ?

— Je te dis que c’est impossible, Marine.

— Une cause, une raison, au moins.

— J’attends…

— Tu attends ?… Mais je veux savoir…

— Marine !…

Marine prit la main de Casimire dans la sienne.

— Tu aimes quelqu’un ici ?

— Ici ! non.

Et Marine releva la tête de Casimire, écarta les cheveux sur son front, la regarda jusqu’au fond des yeux, et elle dit :

— Ce n’est pas le marquis de Courtenay que nous aimons ?

— Je te jure bien, Marine…

— Ne jure pas ; je te crois bien sans cela. En ce cas, reprit Marine, attendons encore un peu avant de partir.

— Longtemps, crois-tu ?

— Je ne pense pas, discrète.

— Et qui te le fait croire ?

— Parce que je demanderai dans un vœu à Notre-Dame de Nanterre de t’envoyer au plus tôt ce que tu désires. Elle ne m’a jamais trompée.

De tous les moyens auxquels Casimire aurait pu penser pour hâter le retour du commandeur, certes celui de s’adresser