Page:Gozlan - Le Dragon rouge, 1859.djvu/79

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vii


— C’est bien cela ! s’écria avec enthousiasme M. de Canilly ; je vois à la netteté de vos idées que vous n’avez par été dérangée. Vous avez même agrandi mon inspiration. Maintenant il ne vous reste plus qu’à attendre la récompense de votre dévouement si plein de génie.

— Mon père, lui dit Casimire en se levant pour aller se reposer, il n’y a jamais eu de traître dans notre famille, n’est-ce pas ?

— Quelle idée avez-vous là ? Nous comptons des empereurs et des rois dans notre race, je crois vous l’avoir dit, mais des traîtres, pas encore. D’ailleurs les traîtres sont ceux qui n’ont pas réussi ; ils auraient mérité un autre nom si leurs mesures, mieux prises, les eussent fait triompher. Vous n’êtes plus à douter de cette vérité-là, une des moins contestables parmi celles que je vous ai enseignées.

N’en oubliez aucune, poursuivit le comte en appuyant la main gauche sur l’épaule de sa fille et en posant un doigt de la main droite sur le front rose et soumis de cette élève de sa politique. Je ne vais plus être là pour vous conseiller ; que le souvenir de mes leçons me remplace auprès de vous. Conduisez-vous comme si vous ne deviez plus me revoir. Soyez en garde contre votre esprit, contre votre cœur ; épiez leurs mou-