Page:Gozlan - Les Nuits du Père Lachaise, tome 1, A. Lemerle, 1845.djvu/120

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dans le choix. Lady Glenmour, brune comme une Vénitienne du temps de Véronèse, avait des cheveux d’un noir doux et onctueux, couronnant son front de comtesse et descendant en grappes sur ses joues de dix-huit ans. Son regard long et fier se perdait quelquefois dans une magnifique indifférence ; moins qu’une reine, plus qu’une femme, elle brillait à travers une sphère d’idéale grandeur. La supériorité du sang, qui ne peut pas plus se nier que la conscience et l’honneur dans l’ordre moral, éclatait dans la perfection exquise de son profil. Il résumait toute la noblesse de ses aïeules. L’œil qui l’admirait volait quelque chose à la sensualité du tact en posant son rayon sur ces lèvres d’un rose chaud et vaporeux. Son cou ondoyant, ses épaules, ses bras étaient si fermes et si éclatants de jeunesse, que la soie et la dentelle qui les touchaient, semblaient avoir une âme et les caresser de