Page:Gozlan - Les Nuits du Père Lachaise, tome 1, A. Lemerle, 1845.djvu/206

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même but avec des avantages rivaux. L’abnégation fut d’autant plus héroïque qu’ils avaient été éblouis tous les deux de cette jeune femme, brillante étoile qui se révélait tout à coup dans le ciel azuré de la cour. Quand ils se voyaient, ils causaient chasses, chevaux, dîners, concerts, jamais de la seule chose dont ils avaient le cœur et l’esprit ardemment préoccupés. Ils cherchaient si bien à se tromper réciproquement, quoiqu’ils ne fussent pas plus l’un que l’autre dupes de leur jeu, que lord Glenmour ayant rencontré au club le comte de Madoc, lui dit avec une parfaite indifférence : Je ne puis plus vivre à Londres ; l’ennui m’y tue. Je pars dans huit jours pour l’Italie, ce à quoi le comte de Madoc avait répondu : « C’est singulier, cher lord, j’allais vous dire aussi que je pars dans huit jours pour la France. Je m’ennuie à périr en Angleterre. » Au bout de huit jours, les