Page:Gozlan - Les Nuits du Père Lachaise, tome 1, A. Lemerle, 1845.djvu/26

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priaient tout bas avec leurs lèvres roses, et leurs petites mains qui commençaient à bleuir, car le froid venait avec la nuit. Point de distinctions blessantes dans la vaste enceinte ! Cette bonne et divine égalité que nous établirons un jour sur la terre, fût-ce une dernière fois, au prix de tout notre sang, se retrouve là entre le cyprès vert et le marbre blanc.

Et la foule, dont la chaîne n’était brisée nulle part, serpentait, montait, fuyait, reparaissait à travers ces allées, les unes majestueuses comme les avenues des anciens châteaux, avec cette différence qu’elles aboutissent ici à un mur, à rien, comme nos projets, à un précipice, au bas duquel est une vallée ; les autres étroites, ombreuses et fleuries, courent, les folles qu’elles sont, comme des sentiers dans les bois ; elles sont vertes, elles sont sauvages, elles embaument l’air de la résine de la solitude. Suivez-les,