Page:Gozlan - Les Nuits du Père Lachaise, tome 1, A. Lemerle, 1845.djvu/77

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— Ne vous saurait-on pas immensément riche qu’on ne vous soupçonnerait pas de vouloir tirer un profit direct de votre excentricité.

— Encore une fois, mon jeune ami, ce n’est pas de l’excentricité. Croyez-vous que j’aurais voulu atteler ma vie à ce char périlleux pour le plaisir de briller dans les salons ? Mon règne, d’ailleurs, eût été court ; il serait déjà fini. Si l’on s’occupe encore de moi depuis bientôt quinze ans ; si ma parole est désirée, attendue, écoutée, combattue sans doute, mais enfin écoutée ; si j’inspire un intérêt profond à la jeunesse, une terreur indéfinissable aux esprits poétiques, une curiosité immense aux gens du monde comme vous, c’est que ma conviction ne s’appuie pas sur la base fragile d’une erreur. Ne croyez donc pas qu’on passionne ainsi les masses avec rien, avec le levier du hasard. Toute idée victorieuse, toute