Page:Gozlan - Les Nuits du Père Lachaise, tome 2, A. Lemerle, 1845.djvu/217

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bécile et son fils un niais ? Vous vous trompez.

Pour le baron qui était un homme de grand sens, car il était l’homme de son rang, les manières de Berlin ou de Vienne étaient celles qu’un vrai gentilhomme devait acquérir, celles sans lesquelles on n’était bien vu, ni à la cour, ni auprès des grandes dames ; c’était une seconde religion ; son fils était obligé de s’y montrer fidèle. Du moment où celui-ci convenait qu’il avait pris les belles manières de Berlin ou de Vienne, c’est qu’il les avait réellement prises. Quand son père lui demandait ensuite s’il avait vu le roi, c’est qu’il n’imaginait pas de question plus intéressante à lui adresser, lui, fidèle Allemand, jaloux d’élever son fils dans une noble fidélité. En ajoutant cette question : « T’a-t-il parlé de moi ? » le baron prouvait qu’il n’estimait rien tant comme d’occuper un instant le souvenir du prince, et il pardonnait à son indifférence,