Page:Gozlan - Les Nuits du Père Lachaise, tome 2, A. Lemerle, 1845.djvu/236

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Ce qu’il y a de singulier dans cette bataille, c’est que, sachant toutes les deux que l’étranger blond pouvait les entendre, elles se souffletaient, se mordaient, se déchiraient, se pinçaient jusqu’au bleu, sans faire le moindre bruit. Elles hurlaient en dedans. C’étaient des panthères enragées et muettes.

— Assez ! dit la Marquise la première ; j’ai tort : maintenant il n’en coûte rien à mon honneur de l’avouer. Oui, j’ai tort. Cette nuit tu n’as pas été plus heureuse que moi à l’écarté. Tu mérites des égards et quelques considérations. Ta main ?

— La voilà, dit Mousseline.

— Ce n’est pas assez : embrassons-nous.

Les deux jeunes femmes, encore rayées de leurs sanglantes égratignures, se jetèrent dans les bras l’une de l’autre avec autant de cordialité qu’elles venaient de mettre de l’a-