Page:Gozlan - Les Nuits du Père Lachaise, tome 2, A. Lemerle, 1845.djvu/318

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Il se leva à la manière anglaise, au dessert, pour prononcer un speech ou discours de table.

Son verre taillé à côtes dans la main, il dit solennellement, avec cette demi-ivresse anglaise qui ne compte pas, qui passe même pour de la sobriété chez la grande nation : « Je ne suis qu’un prosaïque négociant du Cap, mais je ne donnerais pas le déjeûner que je viens de faire en si noble et si délicate compagnie pour une couronne, pour deux couronnes, — le nombre de couronnes n’y fait rien. — Quel édit royal vaut la savoureuse matelotte que nous avons mangée ? Le roi dit : Moi, le roi ! Moi, sir Archibald Caskil, je dis : J’ai divinement mangé. Qui de nous deux a l’estomac plus satisfait ? Le roi ne dit que ce qui plaît à ses ministres, moi j’ai le droit de dire tout ce qui leur déplaît, si tel est mon bon plaisir. Mais mon