Page:Gozlan - Les Nuits du Père Lachaise, tome 2, A. Lemerle, 1845.djvu/40

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— Cordonnier ! répéta Tancrède en se retirant, le visage caché entre ses deux mains pour qu’on ne vît pas sa honte, cordonnier !

Bientôt tout le château fut au courant de l’aventure du cordonnier et on en rit pendant vingt-quatre heures. Lady Glenmour elle-même, si sérieuse, si triste, se mêla à la gaîté générale pour rire aux dépens de ce pauvre Tancrède, le fougueux jeune homme qui ne savait jamais rencontrer le point exact où la prudence cesse et où l’extravagance commence.

Un soir, Tancrède et le docteur Patrick, quoique aveugle, jouaient aux échecs, tour de force étonnant, mais qui ne paraîtra pas impossible à ceux qui savent à quel degré de subtilité s’élèvent le tact, l’ouïe, la mémoire chez les aveugles.

En perdant la vue, le docteur avait acquis une merveilleuse pénétration morale ; elle