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Page:Gozlan - Les Nuits du Père Lachaise, tome 2, A. Lemerle, 1845.djvu/56

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— Mylady, la campagne de l’Inde, quoi qu’en ait dit mon ami Tancrède, est si belle, qu’on ne peut la parcourir qu’en marchant dans des herbes plus hautes que deux hommes ; on étouffe, on tombe à chaque pas. Si vous la parcourez dans le jour, le soleil, l’implacable soleil est si ardent, qu’il vous rend fou. Éloignez-vous un peu de la ville pour admirer cette belle campagne, et aussitôt les tigres vous attaquent de tous les points de l’horizon. Si, fatigué, vous vous couchez à l’ombre d’un arbre, des serpents vous enlacent comme le caducée d’Esculape, et vous étranglent. Ce n’est pas tout ; des milliers d’insectes rouges, verts, noirs ; armés de dards, de scies, d’aiguillons, se glissent sous vos vêtements, vous déchirent la peau pour vous sucer le sang. Il n’est pas un morceau de terre grand comme la main, et je n’exagère pas, qui ne soit le domaine grouillant d’une foule d’animaux, en-