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Page:Gozlan - Les Nuits du Père Lachaise, tome 2, A. Lemerle, 1845.djvu/8

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meilleures comme des plus rares, elle éprouvait une tristesse incommensurable, causée par sa conviction profonde que l’homme qu’elle avait épousé ne l’aimait pas.

Depuis six mois qu’elle était sa femme, elle se persuadait avoir eu assez d’occasions de reconnaître qu’elle n’inspirait à lord Glenmour qu’une affection commandée par le devoir et soutenue par la délicatesse. Les riches cadeaux dont il l’accablait ne servaient qu’à la raffermir dans cette conviction. Il cachait, sous la magnificence de ses dons, la pauvreté de ses sentiments. Elle était flattée en reine par un courtisan ; mais elle, la femme, n’avait jamais éveillé en lui l’amour qu’elle croyait avoir le droit d’inspirer. Lord Glenmour lui semblait un dieu qui n’avait pas encore daigné prendre pour elle la transformation qui le ferait aimer. Cette persuasion, de jour en jour mieux établie en elle par une succession de