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Page:Gozlan - Les martyrs inconnus, 1866.djvu/118

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faut que je t’apprenne tout. Quand Valentine reparut, le beau Fabry ne tarda pas non plus à reparaître. Vas-tu, maintenant, me laisser lire tranquillement mes journaux ?

— Comme tout finit dans ce monde !

— Voyons, est-ce que cela t’affecte vraiment à ce point, d’apprendre que c’est Fabry qui paye les quittances d’abonnement aux journaux que voilà ? Qu’est-ce que cela te fait ?

— Qu’est-ce que cela me fait ? mais je m’intéresse beaucoup à cette jeune femme dont nous aimions tant le père, ce brave officier d’artillerie mort à mes côtés.

— Comme je ne suis pas mort à ses côtés… dit Duportail en cherchant au bout de la table un autre journal, mais comiquement empêché dans ce mouvement par Chabert. Tiens, veux-tu lire un nouveau journal, le Constitutionnel ?

— Ton égoïsme m’indigne !

— Bah ! ne veux-tu pas que je pleure amèrement sur le sort d’une Ariane abandonnée, qui occupe cet appartement dans l’un des plus élégants hôtels de la rue Blanche, et qui promène son désespoir dans l’île de Naxos, traînée par deux chevaux anglais ?