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Page:Gozlan - Les martyrs inconnus, 1866.djvu/119

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Chabert soupira ; sa rude loyauté n’était pas à l’aise dans cette morale élastique de Duportail. Heureusement pour celui-ci, sur le point de s’attirer quelque remarque sanglante de son peu endurant interlocuteur, austère comme Bayard sur plus d’un point, l’excellent Adrianoff fit entendre sa franche et bonne voix dans l’antichambre.

— Si vous voulez attendre madame en compagnie de ces messieurs, lui disait Gabriel.

— Quels messieurs ?… Ah ! c’est vous, Duportail ! Vous ici, colonel ? Que je vous embrasse et que je vous remercie, mon cher Chabert, de l’excellent gibier que vous m’avez envoyé du Berry.

— Charmé qu’il vous ait plu, Adrianoff.

— Si mes propriétés n’étaient pas si éloignées, je vous aurais fait expédier un ours blanc en reconnaissance de vos perdrix rouges.

— Et ce fameux bal d’enfants, aimable Russe, a-t-il eu lieu ?

— S’il a eu lieu ! dit Duportail ; tout Paris en parle encore, quoiqu’il ait déjà deux mois de date. Pour gagner la prime promise, figure-toi, Chabert, qu’il s’est présenté des enfants depuis l’âge de deux ans jusqu’à trente-cinq.