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Page:Gozlan - Les martyrs inconnus, 1866.djvu/170

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hôtel, M. Burnham, était mort le mois dernier à New-York, et que ses héritiers, qui sont venus à Paris pour toucher la succession, s’étaient présentés à son étude afin de le charger, comme notaire de leur oncle, de réclamer de moi trois années de loyer, trente mille francs.

— S’il vous souvient, je vous parlai, il y a quelque temps, de cette dette.

— Oui, je m’en souviens… Vous la connaissiez cette dette, et voilà pourquoi je m’étonne que vous ignoriez… Enfin, vous ignorez, soit. — J’ai répondu à ce M. Roland que j’étais prêt à verser ces trente mille francs… Je lui demandais seulement vingt-quatre heures pour réaliser la somme et la lui faire parvenir… quand il m’a interrompu pour me dire que cela n’était nullement nécessaire ; qu’il était même fort surpris de me voir dans son étude ; que, depuis le jour où il m’avait écrit, c’est-à-dire depuis trois jours, — il m’avait été impossible d’aller plus tôt chez lui, — on s’était présenté et qu’on avait payé les trente mille francs de loyer. « Vous ne me devez donc plus rien, m’a-t-il dit en me congédiant ; les quittances sont remises. » Et je suis sorti, et me voilà, et je vous demande qui a pu payer ces trois années de loyer, ces trente mille francs ?

— Je l’ignore, répondit Valentine avec autant de dignité qu’il y avait de brutalité dans l’interrogation du marquis de Blancastel.