Page:Gozlan - Les martyrs inconnus, 1866.djvu/18

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— Ce sera fait, monsieur le marquis, dit le zouave, qui ajouta dans sa pensée : C’est le lion qui l’a touché cette nuit. — Mais que vais-je dire à madame ?

— Et sois exact, reprit M. de Blancastel ; ces sortes de dettes…

— Oui, mon capitaine…

Gabriel se reprit promptement :

— Monsieur le marquis, veux-je dire.

— Appelle-moi capitaine, repartit le marquis de Blancastel ; oui, appelle-moi capitaine, cela ne peut éveiller en moi que des souvenirs heureux.

Il y eut, entre le supérieur et le subordonné, un silence que le capitaine des zouaves rompit ainsi le premier

— Gabriel, voilà huit ans que tu es à mon service.

— Cinq ans en Afrique comme votre maréchal des logis, trois à Paris comme votre valet de chambre.

— Oui, nous avons fait la guerre ensemble. La guerre vaut mieux, Gabriel.

— Elle vaut mieux que quoi, mon capitaine ?

— Que tout ! quoique j’aie eu deux côtes brisées à