Page:Gozlan - Les martyrs inconnus, 1866.djvu/19

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Laghouat et que tu aies reçu, en me défendant contre un Kabyle, ce coup de sabre qui a failli te faire sauter le poignet.

— Lequel poignet, ne l’oubliez pas, mon capitaine, dans votre ordre du jour, a fait sauter la tête du Kabyle. Dieu ! qu’il était laid sans tête !

Pendant ces dernières paroles du zouave, dont le trait d’esprit final le ravit lui-même si fort, qu’il se mit à le répéter avec bonheur dans ses moustaches, toutes ruisselantes de la joie d’un si beau souvenir, Georges était allé au secrétaire et y avait pris un portefeuille. Il s’avança vers son zouave, qu’il regarda entre les deux yeux comme pour le préparer à la confidence qu’il allait lui faire.

— J’ai un service à te demander, Gabriel.

— Voilà, mon capitaine.

— Dans ce portefeuille, il y a quarante-cinq mille francs en billets de banque.

Prends-le et enferme-le avec soin.

— Moi ?

— Puisque je te le dis. Prends-le et enferme-le avec soin. Chaque 1er du mois, tu m’apporteras cinq mille francs.